CONTEXTE
Dans le but de préserver la ressource en eau, l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse (AERMC) a souhaité caractériser l’irrigation dans le département de l’Hérault. En effet, connaître les volumes, les surfaces irriguées et les pratiques des irrigants permet d’évaluer une économie d’eau potentielle et d’identifier les leviers d’économies d’eau possibles sur le territoire. Cela permet aussi d’anticiper la saison d’irrigation et donc d’améliorer la gestion des ressources en eau à la période d’étiage des cours d’eau.
OBJECTIFS
Plusieurs objectifs sont à noter :
1. Caractériser l’irrigation de manière quantitative par les surfaces irriguées et les volumes destinés à l’irrigation.
2. Déterminer les pratiques des irrigants selon les cultures qu’ils irriguent.
3. Quantifier une économie d’eau potentielle à partir des objectifs 1 et 2.
METHODE
1. État des lieux des surfaces irriguées, des volumes prélevés en 2020
Plusieurs bases de données ont été utilisées :
- Les données de surface : utilisation du recensement agricole 2020, registre parcellaire graphique 2020, registre parcellaire graphique complété 2020 (Observation du Développent Rural (ODR) de l’INRAE),
- Les données de prélèvements : utilisation du fichier des redevances perçues par l’AERMC, de la base de données DDTM34, des estimations de volumes prélevés faites par les EPTB, des contrats d’eau agricole souscrits auprès de BRL.
- Autres données : données de structures de gestion collective (base de données de la CRAO), ressources BRL et données sur les réseaux d’irrigation.
Détermination des surfaces irrigables :

Figure : Démarche de la détermination des surfaces irrigables.
Les surfaces irrigables sont définies comme les surfaces ayant un accès à la ressource en eau.
La CRAO et BRL fournissent des informations sur les surfaces irrigables.
La base de données de la CRAO fournit le périmètre irrigable de 42 structures collectives d’irrigation sur 45.
La base de données de BRL ne contient pas d’informations sur les surfaces irrigables.
Les surfaces irrigables par BRL ont été déterminées par une analyse cartographique réalisée sur le logiciel QGIS.
Détermination des surfaces irriguées :

Figure : Démarche de la détermination des surfaces irriguées.
Les bases de données utilisées comprennent celles de la DDTM34 (renseigne la surface irriguée pour seulement 60% des prélèvements), de l’AERMC (renseigne uniquement les prélèvements sans compteur), de la CRAO (pour 18 ASAs sur 45) et de BRL (la surface irriguée n’est pas renseignée dans les contrats mais est approximée).
Détermination des volumes dédiés à l’irrigation :

Figure : Démarche de la détermination des volumes destinés à l’irrigation.
La lecture des PGRE a permis de recenser les volumes théoriques prélevés pour l’irrigation pour différents bassins versants dans le département de l’Hérault.
La somme de ces volumes théoriques donne le volume global prélevé pour l’irrigation dans le département de l’Hérault. Cela ne prend en compte que le volume d’eau prélevé dans les ressources endogènes du département, excluant les ressources exogènes comme le Rhône.
Les bases de données DDTM34 et AERMC permettent également de rendre compte des volumes prélevés pour l’irrigation, bien que certains prélèvements existants ne soient pas renseignés. Ces bases de données sous-estiment les volumes réellement prélevés sur les ressources endogènes du département de l’Hérault.
Dans la base de données BRL, le volume consommé par contrat est mesuré en sortie de borne, ce qui en fait une valeur robuste et plus proche du volume d’eau distribué que du volume prélevé.
2. Etat des lieux des pratiques d’irrigation
Plusieurs bases de données ont été utilisées :
- La caractérisation des doses et des périodes d’irrigation se base sur le mémento BRL et les informations fournies par des experts pour établir un calendrier d’irrigation.
- La caractérisation du mode d’irrigation se base sur les données du RA, de l’AERMC et de la CRAO.
3. Évaluation du potentiel d’économie d’eau à la parcelle
Le potentiel d’économie correspond à l’écart constaté entre apports d’eau réels et apports d’eau théoriques :
- L’apport d’eau réel par hectare a ainsi été estimé : Apport d’eau réel (m3 / ha) = (volume consommé BRL (m3)) / (surfaces irriguées BRL (ha))
- Estimation des apports d’eau théoriques : ces apports ont été modélisés avec le logiciel Vintel® développé par la société ITK. Cet OAD s’appuie sur un modèle de bilan hydrique adapté à la vigne et paramétrable par l’utilisateur.
RESULTATS
1. État des lieux des surfaces irriguées, des volumes prélevés en 2020
Surfaces irrigables dans l’Hérault en 2020 :
- Selon le RA 2020, les surfaces irrigables dans le département s’élèvent à 35 567 hectares.
- 74% de ces surfaces sont irrigables par des réseaux collectifs, gérés par BRL ou des ASA, soit un total de 26 532 hectares.
- Selon les données de BRL, les surfaces irrigables par leur réseau représentent 30 418 hectares au total (principalement la vigne et les grandes cultures néanmoins, il est important de noter que même si les grandes cultures et la vigne sont considérées comme irrigables, elles ne sont pas forcément effectivement irriguées).
- Selon la base de données de la CRAO, les surfaces irrigables des structures collectives d’irrigation totalisent 10 334 hectares.
Surfaces irriguées dans l’Hérault en 2020 :
- Selon le RA 2020, les surfaces irriguées dans le département totalisent 26 724 hectares. La principale culture irriguée est la vigne. Le maraîchage et l’arboriculture sont respectivement les deuxième et troisième cultures les plus irriguées.
- En termes de taux d’irrigation par filière, la viticulture a le taux le plus bas avec seulement 26% de la surface en vigne irriguée. Le maraîchage est irrigué à 90% et l’arboriculture à 55%.
- La majorité des surfaces en vigne sont destinées à la production de vin IGP ou de vin AOP, mais les surfaces irriguées de vignes sont principalement pour la production de vins IGP.
- Les surfaces irriguées se concentrent principalement autour des réseaux BRL et des fleuves Orb et Hérault. En zone de montagne, dans le Nord du département, les surfaces irriguées sont faibles en raison de la difficulté d’accès à la ressource en eau et de la prédominance de l’élevage.
- Selon différentes bases de données, les surfaces irriguées par les prélèvements individuels représentent entre 3 105 et 6 587 hectares.
- Selon la base de données de la CRAO, les surfaces irriguées des structures collectives d’irrigation totalisent 3 227 hectares.
- Selon une estimation basée sur les données de BRL, les surfaces irriguées par ce réseau représentent 20 628 hectares, dont 71% sont des surfaces viticoles.

Cartographie : Surfaces irriguées et part irriguée de la SAU totale par communes.
Volumes et ressource :
- Les volumes prélevés nets pour l’irrigation dans les bassins versants Orb Libron et Hérault sont respectivement de 35 Mm3 et 13,2 Mm3, totalisant 49,9 Mm3 sur le département.
- En 2020, sur le réseau BRL, la culture la plus irriguée en termes de volume est la vigne avec 13 Mm3.
- La plaine de Mauguio à Marsillargues présente les plus gros volumes d’eau par commune sur le réseau BRL.
- En 2020, le Rhône et l’Hérault étaient les principales ressources utilisées sur le réseau BRL.
- Après 2022, les ressources utilisées sur le réseau BRL ont changé, avec 82% de l’eau prélevée provenant des eaux superficielles et 18% des eaux souterraines.
- L’Hérault et l’Orb, ainsi que leurs affluents, sont les ressources les plus exploitées en termes de volumes pour l’eau superficielle.
- Dans la base de données AERMC, 67% du volume total pour l’irrigation correspondent à des prélèvements de BRL et 28% à des ASAs.
- Selon la base de données DDTM, les volumes prélevés représentent au total 33 Mm3.

Cartographie : Origine des ressources des réseaux d’eau brute exploités par BRLe avant 2022.
Surfaces irriguées et irrigables :
- Les données des ASAs fournissent une bonne approximation des surfaces irrigables par ces dernières, car elles ont une connaissance précise de leur périmètre irrigable.
- Les surfaces irrigables par les réseaux individuels sont représentées uniquement par les données du RA.
- En considérant les surfaces irrigables comme celles équipées d’un réseau individuel ou celles ayant accès à un réseau collectif, les surfaces irrigables totales dans le département sont estimées à environ 45 000 hectares.
- Il est difficile de connaître avec certitude les surfaces irriguées par une ASA car cela dépend du choix de l’agriculteur d’utiliser ou non son accès à l’eau.
- Le RA fournit une valeur fiable des surfaces irriguées totales dans le département de l’Hérault.
- En prenant comme valeur basse la donnée du RA arrondie vers le bas et comme valeur haute la somme des valeurs suivantes arrondies vers le haut : surfaces irrigables des ASA, surfaces irriguées de BRL et surfaces irrigables par un réseau individuel, les surfaces irriguées dans l’Hérault sont estimées entre 26 000 et 36 000 hectares.
Volumes et ressources :
- Le volume prélevé est supérieur au volume consommé, distribué à la parcelle ou utilisé par la plante.
- Certains volumes peuvent être recensés en doublon dans les bases de données AERMC et DDTM34.
- La base de données DDTM34 n’est pas utilisable car elle est incomplète en ce qui concerne la détermination des volumes dédiés à l’irrigation.
- L’estimation des volumes prélevés dans les ressources endogènes de l’Hérault faite par les EPTB dans les PGRE (49,9 Mm3) doit être majorée, car tous les bassins versants ne sont pas pris en compte et certains volumes estimés correspondent à ceux utilisés par la plante. De plus, de nouveaux périmètres d’irrigation ont été créés depuis les PGRE.
- La base de données AERMC donne les volumes prélevés sur les ressources endogènes du département, soit un total de 39,7 Mm3, mais cette donnée doit être majorée car les prélèvements inférieurs à 10 000 m3 ou sans redevance ne sont pas pris en compte.
- Avec les données disponibles, il est seulement possible de conclure que les volumes prélevés sont supérieurs à 49,9 Mm3 (donnée PGRE).
- En ce qui concerne les volumes distribués à la parcelle, la base de données BRL fournit une estimation de 22,5 Mm3 en sortie de bornes BRL. Cette estimation prend en compte les ressources endogènes et exogènes telles que le Rhône.
- Les volumes distribués ne sont présents dans aucune autre base de données. Avec les données disponibles, il est seulement possible de conclure que les volumes distribués à la parcelle dans l’Hérault sont supérieurs à 22,5 Mm3 (donnée BRL).
Évolution récente des réseaux – Réseau BRL :
- En avril 2022, la mise en service de nouveaux maillons d’Aqua Domitia a entraîné des modifications dans les ressources utilisées par BRL.
- Depuis cette mise en service, une commune peut être desservie par plusieurs ressources grâce à un maillage entre différents réseaux. Le choix du réseau et donc de la ressource utilisée dépend du contexte hydrologique/météorologique et de la période de l’année.
- En rive droite du fleuve Orb, les communes peuvent être alimentées par Aqua Domitia si la ressource Orb est limitée et que les usages sur Aqua Domitia sont moins importants (par exemple, en fin des irrigations sur une majorité des cultures). Cependant, à ce jour, cette configuration n’a pas été mise en place.
- Dans le réseau Aqua Domitia, l’Orb peut être utilisé jusqu’à Fabrègues si une pollution est détectée dans l’eau du Rhône ou s’il y a une restriction sur l’utilisation du Rhône.

Cartographie : Maillage communale de la ressource utilisée par le réseau BRLe depuis avril 2022.
2. Etat des lieux des pratiques d’irrigation
Modes d’irrigation :
- Dans l’Hérault, plus de 80% des surfaces cultivées sont irrigables par micro-irrigation, goutte à goutte, selon le RA 2020. En comparaison, dans le Gard, ce chiffre est de 59%, ce qui est fortement lié aux types de cultures irriguées.
- Dans l’Hérault, les exploitations avec un OTEX grandes cultures irriguent à plus de 70% par micro-irrigation, goutte à goutte. Cela représente 50% des surfaces irrigables des exploitations avec un OTEX grandes cultures. Les exploitations avec un OTEX viticulture irriguent à plus de 90% par micro-irrigation, goutte à goutte.
- Les exploitations avec un OTEX grandes cultures présentent 50% de surfaces irrigables en goutte-à-goutte, ce qui est considéré comme important car la mise en place de ce système sur les grandes cultures est compliquée.
- Les surfaces irrigables par gravité représentent moins de 2% des surfaces irrigables totales.
- Selon la base de données AERMC, 75% des volumes prélevés totaux sont destinés à l’irrigation non gravitaire, dont 86% proviennent des eaux souterraines et 14% des eaux superficielles.
- L’irrigation gravitaire représente 25% des volumes prélevés totaux.
- En termes de ressource, l’irrigation gravitaire utilise les eaux superficielles à presque 100%.
- Dans la base de données de la CRAO, sur 45 structures collectives enquêtées, 17 gèrent un réseau d’irrigation sous pression et 22 gèrent un réseau d’irrigation gravitaire. Cependant, en termes de surfaces irrigables, la gestion de réseau d’irrigation sous pression et mixte (sous pression et gravitaire) est majoritaire : elles représentent respectivement 47% et 28% des surfaces irrigables.
- Selon les dires d’experts, l’irrigation en goutte à goutte est majoritaire pour toutes les cultures.
- En viticulture, l’irrigation au goutte-à-goutte est majoritaire, bien que l’aspersion en canon puisse également être pratiquée à la marge.
- En maraichage, le goutte-à-goutte est prépondérant sur les cultures en rangs, sauf pour les salades qui sont irriguées avec de l’aspersion pour assurer une hygrométrie.
- En arboriculture, les vergers sont principalement irrigués en goutte-à-goutte, mais l’aspersion est de retour depuis 5-10 ans en raison de la nécessité de lutter contre le gel et de l’extension racinaire limitée des pommiers.
- En grandes cultures semences, 90% des surfaces irriguées le sont par aspersion, principalement avec des cannes, et seuls 10% par du goutte-à-goutte. Ce chiffre doit être retenu à la place de celui du RA.
Période d’irrigation et doses d’irrigation :
- Les besoins en eau d’irrigation sont basés sur les données du memento d’irrigation BRL et sur les dires d’experts collectés. Il peut y avoir une différence entre les deux estimations. Les besoins en eau d’irrigation estimés par BRL sont souvent plus importants que les dires d’experts en raison de la méthodologie utilisée par BRL qui calcule les besoins pour des cultures irriguées par aspersion, alors que les cultures sont majoritairement irriguées par goutte-à-goutte.
- En arboriculture, les doses d’irrigation provenant des dires d’experts permettent d’assurer une performance économique des exploitations en réalisant certains rendements. Cependant, dans le département de l’Hérault, en pratique, les arboriculteurs irriguent rarement leurs arbres à de telles doses (BRL ou dire d’experts), et récoltent de plus faibles rendements.
- Pour la viticulture, BRL préconise un large intervalle (500 – 1 000 m3/ha). Les experts ont des difficultés à donner une dose d’irrigation car elle dépend de nombreux paramètres tels que la pluviométrie, le type et la profondeur du sol, les objectifs de production, etc. Pour prendre en compte ces variabilités, la dose d’irrigation de la vigne peut être déterminée par modélisation couplée à des mesures de terrain.
- Les périodes d’irrigation dépendent des cultures irriguées. Les besoins en eau sont souvent maximums en été lorsque la demande climatique (ETP) est la plus importante.
- En arboriculture, les arbres sont irrigués principalement entre mai et septembre. L’irrigation peut commencer plus tôt et finir plus tard si le printemps et l’automne sont secs. Les irrigations sont plus importantes avant la récolte qu’après la récolte.
- En maraichage, les irrigations ont lieu du printemps à l’automne. Au démarrage des cultures, en mars et avril les consommations sont faibles mais elles deviennent maximums en été avec l’augmentation de l’ETP. Pour la production de semences de tournesol, sorgho et maïs, les irrigations ont lieu avant et pendant la floraison. Pour le tournesol semence, il est préférable d’irriguer avant et après la floraison pour ne pas déranger les polinisateurs. Une irrigation peut être prévue pour sécuriser le semis.
- En viticulture, la période d’irrigation est sujette à la réglementation en vigueur.

Figure : Calendrier d’irrigation des cultures principales de l’Hérault.
3. Évaluation du potentiel d’économie d’eau à la parcelle
Potentiel d’économie d’eau estimé :
Apport d’eau réel :
- Les surfaces en vigne irriguées par BRL sont estimées à environ 14 663 hectares. On considère que la surface irriguée par BRL en vigne se situe raisonnablement entre 14 000 et 15 000 hectares.
- Le volume d’eau consommé en 2020 pour l’irrigation de la vigne via le réseau BRL est d’environ 13 millions de mètres cubes (Mm3). En divisant ce volume par la surface irriguée, on obtient un apport d’eau réel compris entre 866 et 928 mètres cubes par hectare (m3/ha). Pour la suite, on prendra 900 m3/ha comme apport d’eau réel.
Apport d’eau théorique :
- Les irrigations apportées sont de 10 mm pour le rouge et varient entre 10 et 25 mm pour le blanc.
- Lorsque la Réserve Utile (RU) est de 200 mm, le modèle montre qu’il n’y a pas besoin d’irriguer pour atteindre les objectifs de production. En ce qui concerne une RU de 100 mm, l’apport d’eau d’irrigation varie entre 400 et 500 mm pour le rouge et entre 850 et 950 mm pour le blanc.
Potentiel d’économie d’eau :
L’apport d’eau réel est estimé à 900 m3/ha. Le potentiel d’économie d’eau annuel est alors :
- Entre 500-400 m3/ha pour le rouge
- Inférieur à 50 m3/ha pour le blanc
A dire d’experts, 20% des surfaces irriguées dans l’Hérault étaient destinées à faire du vin blanc en 2020. Sur un total de 16 688 de surfaces irriguées pour du vin IGP, cela donne 3 337 ha irrigués pour le vin blanc et 13 351 ha irrigués pour le vin rouge. En multipliant ces surfaces par le potentiel d’économie d’eau ci-dessus, cela donne un volume économisable compris entre 5,3 et 6,8 Mm3.

Figure : Synthèse des résultats pour l’évaluation du potentiel d’économie d’eau.
DISCUSSION
Plusieurs limites sont à souligner.
Limites à l’utilisation des données du RA 2020 : Les surfaces d’une exploitation sont rattachées à la commune du siège de l’exploitation, ce qui peut différer de la réalité. De plus, les données sont déclaratives et peuvent être différentes de la réalité. Par ailleurs, il existe un secret statistique pour les données concernant moins de trois exploitations ou une exploitation à 85%. Enfin, les données peuvent être incomplètes.
Limites à l’utilisation du Registre Parcellaire Graphique de 2020 : il représente seulement les surfaces des exploitations déclarant à la PAC donc les surfaces déclarées peuvent être inférieures aux surfaces réelles.
Limites à l’utilisation du Registre Parcellaire Graphique complété de 2020 : il ne tient pas compte des surfaces de vigne temporairement non exploitées ou abandonnées. Les surfaces de vignes peuvent donc être majorées. Par ailleurs, les cultures non identifiées dans la nomenclature OSO sont moins bien représentées.
Fichier des redevances perçues par l’AERMC : les volumes sont déclaratifs et peuvent différer des volumes réels. Par ailleurs, il concerne seulement les usagers prélevant une quantité d’eau importante et payant une redevance à l’AERMC. Ainsi, la base de données n’est pas exhaustive.
Base de données DDTM34 : elle ne répertorie que les prélèvements déclarés, elle n’est donc pas exhaustive et peut être incomplète. De plus, les volumes et surfaces irriguées sont déclaratifs et peuvent être erronés.
Estimations de volumes prélevés faites par les EPTB : certains EVP utilisent des estimations approximatives basées sur la dose d’irrigation multipliée par la surface irriguée. Les volumes doivent être majorés pour tenir compte des fuites.
Contrats d’eau agricole souscrits auprès de BRL : les données sont à l’échelle communale et la culture irriguée n’est pas toujours renseignée.
Structures de gestion collective : la base est incomplète et a nécessité un traitement pour la compléter. De plus, les volumes et surfaces irriguées peuvent être imprécis et ne pas correspondre à la réalité.
Détermination des surfaces irrigables : les surfaces irrigables peuvent être interprétées différemment par les agriculteurs. La surface irrigable donnée par BRL est à majorer car une surface peut avoir un accès à la ressource sans être équipée pour l’irrigation.
Limites de l’estimation des surfaces irrigables par BRL : l’utilisation du RPG complété peut entraîner une surestimation des surfaces en vignes réellement exploitées. La zone tampon de 150 mètres utilisée dans l’étude est une estimation empirique.
Limite sur les données des surfaces irriguées issues de la DDTM34 : la base de données de la DDTM34 ne renseigne la surface irriguée que pour 60% des prélèvements. En utilisant cette base de données, les surfaces irriguées par prélèvements individuels en cours d’eau et forages sont sous-estimées. Certains prélèvements déclarés de 1997 à 2020 ne sont plus actifs.
Apport d’eau réel : l’estimation des surfaces viticoles irriguées par BRL présente des limites et ne permet pas de déterminer si elle est surestimée ou sous-estimée par rapport à la réalité. Le volume d’eau mesuré en sortie de borne peut différer de celui en entrée de parcelle en raison de fuites, ce qui peut conduire à une surestimation du volume d’eau pris en compte. Enfin, le type de vin produit (vin rouge ou blanc) n’est pas pris en compte dans cette estimation, ce qui peut introduire de l’incertitude. Pour plus de précision, il serait nécessaire de connaître le type de vin associé à chaque surface irriguée pour chaque client de BRL.
Apport d’eau théorique : la modélisation des apports d’eau théoriques est basée sur un nombre limité de cas d’étude et une seule station météorologique, ce qui peut ne pas être représentatif à l’échelle départementale. Les valeurs de Réserve Utile (RU) utilisées pour les simulations ne reflètent pas la diversité des types de sol rencontrés. Des résultats différents auraient pu être obtenus avec des valeurs de RU différentes (par exemple, 50 et 150 mm au lieu de 100 et 200 mm). Les besoins en eau à l’hectare peuvent varier en fonction de la densité de plantation, de l’orientation des rangs et des pratiques culturales. Pour une estimation plus représentative, il aurait fallu considérer un éventail plus large de cas d’étude. Les irrigations théoriques estimées via le logiciel Vintel® ne tiennent pas compte des contraintes du terrain, telles que l’accès à la ressource, les tours d’eau et les doses journalières limitantes. Dans la réalité, il peut être difficile d’appliquer la bonne quantité d’eau au bon moment, comme le recommande l’OAD.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Cette étude représente une première caractérisation de l’irrigation à l’échelle du département de l’Hérault, basée sur les bases de données suivantes : DDTM, BRL, AERMC, CRAO, PGRE.
L’année 2020 a été choisie pour cette étude afin de permettre une comparaison avec les données du RA 2020.
La vigne est la culture prédominante dans le département, couvrant 76% des surfaces cultivées. Les vignes représentent 78% des surfaces irriguées, mais seulement 26% de la SAU classée en vignes est irriguée.
La majorité des agriculteurs (74% des surfaces irrigables) irriguent leurs parcelles à partir de réseaux collectifs gérés par BRL ou des ASAs.
En 2020, 82% de la ressource en eau prélevée pour l’irrigation provient de sources superficielles. Sur le réseau BRL, 62% de l’eau utilisée à des fins agricoles provient de ressources endogènes et 38% du Rhône.
Les fleuves les plus exploités pour l’irrigation dans le département sont l’Orb et l’Hérault.
Le système d’irrigation le plus couramment utilisé est le goutte-à-goutte, couvrant plus de 80% des surfaces équipées en irrigation.
Les surfaces irriguées dans le département sont estimées entre 26 000 et 36 000 hectares, avec des volumes prélevés dépassant les 49,9 millions de mètres cubes (Mm3).
La détermination des surfaces irriguées et des volumes prélevés dans le département de l’Hérault est complexe, car aucune entité ne possède une base de données complète associant ces deux informations. Certains prélèvements ne sont pas systématiquement enregistrés dans les bases de données de la DDTM et de l’AERMC, ce qui entraîne une méconnaissance des prélèvements individuels.
Les surfaces irriguées et les volumes prélevés sont plus accessibles pour les réseaux collectifs d’irrigation (ASAs et BRL), bien qu’il subsiste des données manquantes. Pour améliorer la connaissance de ces données, il serait nécessaire de les recenser, déclarer ou mesurer de manière plus étendue.
Des efforts et des investigations supplémentaires sont nécessaires pour mieux caractériser l’irrigation dans l’Hérault. Des actions sont déjà en cours, comme l’actualisation de la base de données de la DDTM et le recensement des surfaces irriguées par BRL lors de la création de nouveaux périmètres. Des enquêtes sont également menées pour les irrigants situés dans les bassins versants déficitaires, visant à connaître leurs surfaces irriguées et les volumes prélevés. Des études futures seront nécessaires pour développer la méthodologie mise en place pour évaluer le potentiel d’économie d’eau en irrigation.
A propos de ce travail
Ce travail a fait l’objet d’un stage de validation de Master 2 Sciences de l’Eau, Parcours Eau et Agriculture, réalisé par Agathe Siracuse en 2023 au sein de la Chambre d’agriculture de l’Hérault.