Resume – Degré d’adoption des dispositifs d’information et outils de pilotage de l’irrigation par les exploitants agricoles du département de l’Hérault

CONTEXTE

L’étude se déroule dans un contexte marqué par le changement climatique, qui a des répercussions sur les agroécosystèmes. Afin de faire face à ces changements, il est impératif pour le secteur agricole de mettre en place des pratiques permettant d’économiser de manière significative l’eau utilisée pour l’irrigation. Le pilotage de l’irrigation, lorsqu’il est réalisé à l’aide d’outils adéquats, constitue ainsi une solution efficace pour atteindre cet objectif.

Cependant, pour que cette pratique soit adoptée de manière généralisée, il est essentiel d’accompagner les agriculteurs dans l’utilisation des outils modernes et performants disponibles. L’étude a pour objectif de comprendre dans quelle mesure les exploitants agricoles adoptent actuellement ces dispositifs de pilotage et quels sont les obstacles qui pourraient les freiner dans cette démarche.

OBJECTIFS ET HYPOTHESES

L’étude possède plusieurs objectifs :

  • Déterminer le taux d’adoption de différentes méthodes et outils par les utilisateurs finaux d’un territoire restreint, le département de l’Hérault.
  • Identifier et analyser les facteurs limitant cette adoption, ainsi que des propositions de solutions.
  • Décrypter les exigences inhérentes à la démarche d’enquête, telle qu’étudiée et pratiquée dans la sphère de la sociologie.

Différentes hypothèses ont été réalisées :

Il est supposé que les agriculteurs utilisant des outils avancés consacrent plus de temps au pilotage que ceux qui se cantonnent à l’utilisation de méthodes empiriques. De plus, il est supposé qu’il existe un lien entre l’âge de l’agriculture et son degré d’aisance vis-à-vis des outils informatiques. De fait, l’utilisation d’outils informatiques constitue une des pistes menant vers des progrès futurs en matière de pilotage de l’irrigation.

METHODE

Afin de répondre à la problématique, les points suivants ont été réalisés :

  • Réalisation d’un état de l’art sur la question (facteurs limitant l’adoption de tels outils, etc.).
  • Réalisation d’entretiens auprès des membres partenaires de la Chaire EACC et réalisation d’une analyse thématique de ces derniers ainsi que réalisation d’une enquête auprès des exploitants agricoles héraultais.

RESULTATS

État de l’art sur la question du degré d’adoption de dispositifs d’information et outils de pilotage de l’irrigation :

En résumé, investir dans des dispositifs d’information et d’aide à la décision en matière de pilotage de l’irrigation présente plusieurs avantages pour les exploitants agricoles :

  • Réduction des incertitudes, élaboration de stratégies pour atténuer les événements dommageables et facilitation de la prise de décision,
  • Possible amélioration de la qualité de la culture,
  • Stabilisation des rendements avec des économies d’eau significatives,
  • Réduction des coûts énergétiques liés au pompage ce qui constitue une économie financière.

Néanmoins, il existe plusieurs obstacles à l’adoption de tels outils et méthodes, notamment des facteurs économiques, technologiques, liés au terrain et à l’approvisionnement en eau :

  • L’incertitude concernant la disponibilité future de l’eau est un obstacle majeur à l’adoption d’outils de pilotage de l’irrigation.
  • La conception des outils joue un rôle crucial : une approche descendante peut entraver leur adoption car elle ne tient pas compte des préférences des agriculteurs. La participation des utilisateurs avant et après l’implantation de l’outil est recommandée.
  • Une meilleure communication entre les chercheurs et les exploitants agricoles est nécessaire pour favoriser l’adoption d’outils de pilotage.
  • Le coût d’accès à l’information ou à l’outil peut constituer un frein pour certains agriculteurs, en particulier ceux disposant de ressources en eau limitées.
  • Pour certains, le coût de l’outil n’est pas un obstacle majeur car il permet d’améliorer la qualité de la culture, ce qui est crucial pour les cultures à haute valeur ajoutée.
  • Le risque de démantèlement des programmes de développement d’outils efficaces existe si ces programmes ne sont plus des services gratuits.
  • Certains outils de pilotage peuvent nécessiter des compétences techniques importantes de la part des agriculteurs, ce qui peut constituer un frein à leur utilisation.
  • Enfin, certains exploitants peuvent ne pas ressentir le besoin de piloter précisément l’irrigation si leurs apports en eau ne sont pas limités par des pénuries.

Néanmoins, des leviers sont mobilisables pour favoriser l’adoption de techniques de pilotage de l’irrigation :

  • Le soutien technique et financier du gouvernement ainsi que l’intervention de conseillers techniques facilitent l’adoption de techniques de pilotage de l’irrigation.
  • Les subventions gouvernementales peuvent aider les producteurs à surmonter les obstacles économiques à l’adoption de ces outils.
  • Les échanges entre pairs jouent un rôle significatif dans l’adoption de techniques avancées de pilotage de l’irrigation. Les contacts et les discussions entre agriculteurs permettent l’échange d’informations sur les avantages de l’efficience de l’irrigation.
  • Les conditions climatiques, notamment les périodes de sécheresse, peuvent inciter les agriculteurs à utiliser des outils de pilotage de l’irrigation.
  • Lors de la prise de décision pour l’adoption de nouvelles technologies, les agriculteurs recherchent des dispositifs économiques, durables, faciles à utiliser, avec une interprétation simple des données, et basés sur la recherche scientifique.
  • Le développement d’applications mobiles simples à utiliser et facilement accessibles pourrait être un moyen efficace de favoriser l’adoption de ces techniques, notamment auprès des générations actuelles et futures d’utilisateurs finaux.
  • La facilité d’utilisation des outils de pilotage est essentielle car ils doivent correspondre aux contraintes temporelles, au niveau de formation et au revenu potentiel des exploitants.

Résultats des entretiens :

Lors des entretiens, douze outils et dispositifs liés à la gestion de l’irrigation ont été recensés et regroupés en quatre familles selon leurs principes de fonctionnement : quatre bulletins-conseils irrigation, quatre outils d’aide à la décision basés sur le bilan hydrique, trois dispositifs d’accompagnement individuel et un outil qui ne relève pas directement de la catégorie des outils de pilotage de l’irrigation : le compteur d’eau communicant.

Profils des répondants :

  • Parmi les 51 exploitants agricoles interrogés, 84% étaient des hommes, un pourcentage plus élevé que celui de la population agricole totale du département (71% d’hommes selon le Recensement Agricole 2020).
  • Plus de six exploitants sur dix ont suivi des études supérieures, ce qui est une information pertinente pour évaluer l’influence de cette variable sur l’utilisation d’outils nécessitant un savoir-faire technique avancé.
  • La moitié des exploitants interrogés ont plus de 25 ans d’expérience dans leur établissement agricole. Moins d’un exploitant sur dix a plus de 40 ans d’ancienneté, tandis qu’une personne interrogée sur cinq possède moins de dix ans d’expérience.
  • En ce qui concerne l’accès à l’eau pour leurs exploitations, trois exploitants sur cinq ont accès au réseau BRL, 30% au réseau d’une ASA et 27% possèdent un forage individuel.
  • Certains exploitants ont des accès multiples à l’eau, ce qui leur permet de diversifier leurs sources pour sécuriser l’approvisionnement en eau pour l’irrigation. Certains possèdent plusieurs sources pour bénéficier de volumes d’eau plus importants, en raison de quotas mis en place par certaines ASA pour limiter les prélèvements par exploitant.

Degré d’utilisation des méthodes et outils de pilotage de l’irrigation :

  • La démarche empirique d’observation visuelle de la culture est la méthode la plus largement utilisée par les exploitants (plus de 90%). Certains estiment que leur expérience suffit pour prendre des décisions, tandis que d’autres soulignent ses limites en termes de timing et de précision.
  • Les données des stations météorologiques proches des exploitations sont régulièrement utilisées par la majorité des exploitants (80%) pour prendre des décisions éclairées en matière de gestion de l’irrigation.
  • Plus de six agriculteurs sur dix consultent les bulletins-conseils irrigation. Cependant, certains les considèrent comme un complément à leur méthode principale de pilotage, et critiquent leur manque de précision.
  • Environ un tiers des exploitants possèdent leur propre station météorologique, ce qui leur permet de disposer de données spécifiques pour prendre des décisions liées à l’irrigation.
  • Environ un quart des exploitants utilisent des sondes tensiométriques pour mesurer l’humidité du sol afin de piloter l’irrigation, mais soulignent la nécessité d’en avoir plusieurs en raison de l’hétérogénéité des sols et des cultures.
  • Les capteurs adaptés aux mesures directes sur les plantes et les outils basés sur le bilan hydrique sont les moins utilisés. Seulement un agriculteur sur dix utilise des « capteurs plante », et un seul utilise un outil de modélisation basé sur le bilan hydrique.

Figure : Degré d’utilisation des méthodes et outils de pilotage de l’irrigation par les exploitants du département de l’Hérault.

Évaluation de l’utilité des méthodes et outils de pilotage de l’irrigation :

L’appréciation de l’utilité des dispositifs de pilotage a été recueillie auprès de chaque utilisateur interrogé. On constate que certains dispositifs répondent de manière plus efficace aux demandes et aux besoins des producteurs, tels que les capteurs d’humidité du sol et l’observation empirique de la culture. Bien que les données météorologiques en libre accès, ainsi que les bulletins-conseil irrigation, soient adoptés par un nombre plus élevé d’exploitants que les capteurs d’humidité, ils sont jugés relativement moins utiles pour le pilotage de l’irrigation.

En ce qui concerne l’évaluation de l’utilité des capteurs de mesure sur la plante et des OAD de modélisation, il est difficile de se prononcer car seul un petit nombre de producteurs a adopté ces outils. Cependant, les utilisateurs de ces outils expriment un avis positif quant à leur utilité.

Figure : Évaluation de l’utilité des méthodes et outils de pilotage de l’irrigation, selon les exploitants utilisateurs des dispositifs.

Objectifs principaux d’utilisation des outils de pilotage de l’irrigation :

L’évaluation de l’utilité des dispositifs de pilotage a mis en lumière les principaux objectifs poursuivis par les exploitants agricoles. Deux enjeux se démarquent : viser un rendement optimal (en termes de qualité selon la majorité des exploitants interrogés) et réaliser des économies d’eau. Près de trois quarts des exploitants cherchent à atteindre un rendement optimal, tandis que près de sept sur dix cherchent à économiser la ressource en utilisant les outils de pilotage à leur disposition.

L’obtention d’une certification, telle que le label Haute Valeur Environnementale (HVE), ne constitue pas un objectif majeur pour les agriculteurs adoptant des outils de pilotage, bien que l’utilisation de ces outils soit prise en compte dans les critères de ce label. Selon les critères du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (2023), les « appareils de mesure des besoins en eau » et les « stations météo » sont des exemples de dispositifs pouvant être pris en considération.

En revanche, les économies d’énergie ne constituent qu’un objectif marginal, sélectionné par seulement 2% des personnes interrogées. Ce chiffre peut surprendre au premier abord, étant donné que 27% des exploitants possèdent des prélèvements individuels tels que des forages. Ces prélèvements individuels sont à l’origine de consommations d’énergie significatives.

Enfin, parmi les objectifs non mentionnés mais évoqués par certains répondants, on trouve la volonté d’éviter le stress hydrique des plantes.

Temps consacré au pilotage de l’irrigation :

L’utilisation d’outils de pilotage de l’irrigation peut être chronophage, c’est pourquoi une question sur le temps hebdomadaire consacré à ces activités a été posée aux exploitants. Plus de quatre agriculteurs sur dix ne consacrent pas plus d’une heure par semaine au pilotage de l’irrigation de leur exploitation, et trois quarts d’entre eux n’y consacrent pas plus de trois heures par semaine en moyenne.

Parmi les exploitants, 16% consacrent des créneaux conséquents au pilotage de l’irrigation (plus d’une heure par jour en moyenne). Cependant, il n’existe pas de profil-type parmi ces utilisateurs. Les exploitants utilisant des outils avancés tels que les capteurs d’humidité du sol ne consacrent pas nécessairement plus de temps au pilotage que ceux qui utilisent des méthodes plus empiriques comme l’observation visuelle de la plante.

Une analyse croisée entre le temps hebdomadaire consacré au pilotage et l’utilisation de capteurs sol (sondes tensiométriques, sondes capacitives) a été effectuée. Le test exact de Fisher n’a pas montré de dépendance statistiquement significative entre ces deux variables. Cela suggère que le temps consacré au pilotage n’est pas influencé par l’utilisation de capteurs sol.

En outre, aucune dépendance statistiquement significative n’a été trouvée entre le temps consacré au pilotage et l’utilisation d’autres outils ou méthodes spécifiques. Cela indique que l’utilisation d’un outil particulier n’est pas liée au temps hebdomadaire consacré au pilotage.

Cependant, il est possible de supposer que les outils de pilotage avancés dont disposent les irrigants sont sous-exploités. En effet, la majorité d’entre eux ne consacrent pas plus de trois heures par semaine à l’utilisation de l’ensemble des dispositifs et méthodes dont ils disposent. Il pourrait donc être avancé que les exploitants n’ont peut-être pas suffisamment de temps pour explorer pleinement toutes les fonctionnalités des outils qu’ils possèdent. Ce manque d’exploration du potentiel technique des outils avancés pourrait entraîner une sous-utilisation des informations pertinentes pour un pilotage plus précis de l’irrigation à l’échelle de leurs parcelles.

Freins et leviers à l’adoption identifiés :

Barrières face à l’adoption d’outils de pilotage :

L’analyse des freins à l’adoption des outils de pilotage avancés met en lumière plusieurs éléments clés :

  1. Frein économique : Plus de quatre exploitants sur dix sont freinés par le coût élevé des outils avancés, notamment ceux possédant des exploitations de taille modeste. Certains remettent en question la nécessité de payer pour accéder à des méthodes de pilotage efficaces.
  2. Manque de temps : Près d’un quart des exploitants estime que le temps nécessaire à l’utilisation de ces outils constitue un frein. Cependant, l’analyse statistique suggère que le temps consacré au pilotage n’est pas influencé par l’utilisation d’outils spécifiques.
  3. Absence de pénurie d’eau actuelle : 36% des producteurs interrogés ne se sentent pas incités à adopter des dispositifs permettant d’économiser de l’eau en raison de l’absence actuelle de pénurie. Cependant, plus de la moitié des exploitants estime que cela ne justifie pas de ne pas adopter ces dispositifs.
  4. Manque de main-d’œuvre qualifiée : Certains exploitants soulignent le manque de main-d’œuvre compétente comme un frein, en particulier pour les tâches liées au pilotage de l’irrigation.
  5. Inadaptabilité des outils : Certains outils ne sont pas jugés adaptés à certaines pratiques agricoles, comme les chambres à pression en viticulture, ou à une disposition spatiale morcelée de l’exploitation.
  6. Difficulté d’interprétation des données : Un quart des exploitants ont du mal à interpréter les données provenant des dispositifs de pilotage, mais la plupart déclarent que cela ne constitue pas un obstacle majeur, car ils peuvent s’appuyer sur des techniciens ou conseillers.
  7. Aversion pour les outils informatiques : Seule une minorité éprouve de l’aversion pour les outils informatiques, et il n’y a pas de lien statistique entre l’âge de l’exploitant et son aisance avec les outils informatiques.
  8. Utilité des outils : La majorité des exploitants ne remettent pas en cause l’utilité des dispositifs existants, bien que certains contestent l’objectif d’économie d’eau.
  9. Manque d’accompagnement : Seuls deux agriculteurs sur dix estiment que le manque d’accompagnement les empêche d’adopter des outils avancés.

En outre, les répondants soulèvent deux autres barrières : un manque de communication sur les outils de pilotage de l’irrigation, ce qui peut conduire à l’isolement des agriculteurs, et les réformes administratives fréquentes, qui compliquent les investissements et l’accès aux subventions.

Dans l’ensemble, ces résultats mettent en évidence la diversité des freins à l’adoption des outils de pilotage avancés, reflétant les différentes réalités et contraintes auxquelles sont confrontés les exploitants agricoles.

Figure : Prédominance des différentes barrières à l’adoption d’outils de pilotage de l’irrigation, selon les agriculteurs héraultais.

Leviers mobilisables pour favoriser l’adoption d’outils de pilotage de l’irrigation :

L’analyse des leviers pour surmonter les freins à l’adoption des outils de pilotage avancés met en évidence plusieurs points clés :

  1. Besoin d’aides financières spécifiques : Deux tiers des exploitants expriment leur besoin d’aides financières pour investir dans des outils de pilotage avancés. Ces aides sont perçues comme incitatives et peuvent encourager les agriculteurs à faire une demande d’aide.
  2. Simplification des outils : 67% des exploitants estiment qu’il est essentiel de simplifier l’utilisation des outils, parfois en revoyant leur conception. Ils insistent sur le besoin de simplicité pour faciliter l’adoption, bien que cela puisse entraîner une perte de précision.
  3. Besoin de soutien technique et de formation : 63% des agriculteurs expriment leur besoin de soutien pour adopter des outils avancés. Cela passe par des formations spécifiques, des conseils et des informations pertinentes. Certains se sentent démunis et ont besoin d’une assistance concrète.
  4. Impact des restrictions d’eau : 65% des irrigants indiquent que les restrictions d’eau les inciteront à adopter des outils pour réaliser des économies d’eau. Cependant, un quart des producteurs estime qu’ils font déjà des économies d’eau sans utiliser d’outil spécifique.
  5. Démonstration de l’efficacité des dispositifs : Seuls 32% des producteurs estiment nécessaire de prouver l’efficacité des outils pour les adopter. La majorité est déjà convaincue de l’efficacité des outils existants sur le marché.

En outre, les exploitants soulèvent deux leviers supplémentaires :

  1. Communication entre agriculteurs : Une communication efficace entre les agriculteurs est jugée essentielle pour susciter l’adoption d’outils avancés. Cela permet d’échanger des expériences et de remettre en question ses propres pratiques.
  2. Renforcement des structures collectives : Certains exploitants préconisent un renforcement des outils des structures collectives pour accompagner les agriculteurs dans l’adoption d’outils performants. Ils regrettent le manque d’achats collectifs.

DISCUSSION

L’étude compare les résultats de l’enquête actuelle avec une enquête similaire réalisée en 2007 auprès d’irrigants du bassin Adour-Garonne. Voici les principaux points mis en évidence :

  1. Utilisation des bulletins irrigation : L’enquête actuelle montre que deux utilisateurs fréquents ou occasionnels sur trois consultent les bulletins irrigation. En 2007, l’enquête précédente indiquait que trois exploitants sur quatre utilisaient ces bulletins. La différence pourrait s’expliquer par les profils différents des agriculteurs enquêtés et les évolutions technologiques (passage de l’envoi postal à l’envoi électronique).
  2. Utilisation des tensiomètres : L’utilisation des tensiomètres a augmenté entre 2007 et 2023, passant de 17% à 24% d’utilisateurs enregistrés.
  3. Recommandations sur l’échelle géographique : Les utilisateurs considèrent les conseils issus des bulletins irrigation comme « généralistes ». Ils estiment que l’édition des bulletins devrait couvrir des territoires plus restreints pour offrir des informations plus adaptées à chaque exploitation.
  4. Améliorations suggérées pour les futures enquêtes : Une extension de la zone géographique de l’étude, éventuellement à l’échelle régionale ou nationale, est envisagée pour fournir des recommandations de gestion adaptées aux délimitations administratives. Cependant, cela nécessiterait des ressources humaines supplémentaires pour collecter et traiter les données.
  5. Conformité avec le RGPD : Il est recommandé de se conformer au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) dès la phase de prise de contact avec les participants lors des prochaines enquêtes.
  6. Utilisation des résultats : Les résultats de cette étude peuvent éclairer les organismes chargés de la prise de décision à différentes échelles (locale, régionale, nationale) pour orienter les financements et les choix stratégiques. Les entreprises privées peuvent également utiliser ces résultats pour élargir leur part de marché.

Concernant les limites de l’étude, il est noté que la formulation du questionnaire peut induire des biais d’interprétation, notamment en ce qui concerne le terme « outil » qui peut être interprété de différentes manières. De plus, le fait de ne pas avoir enregistré les entretiens avec les membres partenaires de la Chaire peut entraîner une interprétation directe du discours, introduisant ainsi un potentiel biais.

Enfin, pour les recherches futures, il est suggéré de se concentrer sur des études menées en zone méditerranéenne ou au moins dans la partie sud de l’Europe afin d’assurer une meilleure comparaison avec la réalité vécue par les agriculteurs héraultais. De plus, il est important de prendre en compte le désintérêt potentiel de certains interlocuteurs lors de la préparation et de la réalisation des enquêtes, en particulier les entreprises à but lucratif. Cela pourrait influencer la valeur ajoutée perçue de l’enquête et la disponibilité des participants.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Les points clés de l’étude :

Utilisation des dispositifs de pilotage de l’irrigation : Plus de neuf irrigants sur dix utilisent des techniques de pilotage empiriques, en particulier l’observation visuelle. Les données météorologiques en libre accès et les bulletins-conseils irrigation sont également couramment utilisés. Cependant, l’observation visuelle est considérée comme la méthode la plus satisfaisante.

Objectifs d’utilisation des outils de pilotage : Les objectifs principaux d’utilisation des outils de pilotage sont d’atteindre un rendement optimal et de réaliser des économies d’eau.

Freins à l’adoption d’outils de pilotage avancés : Les principaux obstacles à l’adoption d’outils de pilotage avancés sont le coût, le manque de temps et de main-d’œuvre, ainsi que l’absence de pénuries d’eau.

Leviers pour surmonter les obstacles : Les leviers pour surmonter ces obstacles incluent le besoin d’aides financières, la simplification des outils existants, le soutien sous forme de conseils et de formations spécifiques, ainsi que l’adoption due aux restrictions d’eau.

En ce qui concerne les perspectives futures :

Échelle de pilotage : Il est recommandé de revoir le pilotage de l’irrigation à l’échelle de la parcelle unitaire pour obtenir des résultats plus précis et adaptés à chaque exploitant.

Nouvelles technologies : L’utilisation de nouvelles technologies telles que les drones équipés de capteurs et l’imagerie spatiale peut contribuer à améliorer le pilotage de l’irrigation. Des projets de recherche tels que le projet DATI visent à développer des technologies pour réaliser des économies d’eau.

Rôle des collectivités publiques : Les collectivités publiques peuvent jouer un rôle crucial en favorisant l’intercommunication entre acteurs publics et privés, et en soutenant les exploitants agricoles dans leur transition numérique.

Partage des données : La mutualisation des données provenant des capteurs, sondes et stations de mesure peut conduire à des progrès significatifs dans le domaine du pilotage de l’irrigation. Il est important d’explorer des moyens d’améliorer l’accès à ces données, malgré les arguments économiques et législatifs qui peuvent limiter leur diffusion.

A PROPOS DE CE TRAVAIL :

Ce travail a fait l’objet d’un stage de validation de Master 2 Sciences de l’Eau, Parcours Eau et Agriculture, réalisé par Olivier Meyer, au sein du département de l’Hérault.