L’étude menée en 2023 se penche sur la problématique de la salinité dans les espaces agricoles et naturels : comment est-elle perçue ? Quels sont les modes de gestion de la salinité à l’échelle de chacun des territoires ? Quelles sont les perspectives vis-à-vis de la salinité ? En effet, en 2021 dans le secteur viticole, de nombreux dégâts ont été imputés à une pluviométrie hivernale très faible et à la salinisation. Au vu de l’ampleur du phénomène, il s’est avéré nécessaire d’approfondir le sujet via un travail spécifique qui permettra de caractériser la salinisation des eaux et des sols dans le Golfe du Lion. Ce travail a été réalisé dans le cadre d’un stage de validation de Master 1 Agrosciences, Environnement, Territoire, Paysage et Forêt (AETPF), par Maraya ATANASOVA, au sein de l’UMR G-Eau.
Zones concernées par une augmentation de la salinité dans le Golfe du Lion
Cinq grandes zones sont concernées par une augmentation de la salinité. Il existe différents acteurs et structures de gestion associés à chaque zone :
- Zone « Étangs et marais des salins de Camargue »
- Zone « Petite Camargue »
- Zone « Étangs Palavasiens »
- Zone « Bassin de Thau »
- Zone « Basse Plaine, Littoral »
La salinité semble principalement affecter les lagunes et les zones côtières, bien que certaines zones plus éloignées du littoral, comme l’étang asséché de la Marseillette dans l’Aude et Beaucaire dans le Gard, présentent également des problèmes de salinité. L’augmentation de la salinité est un problème historique dans plusieurs zones de l’étude, notamment dans la Basse Plaine de l’Aude, les marais des salins de Frontignan, les étangs et marais des salins de Camargue, ainsi qu’en Petite Camargue. Cependant, la prise de conscience de cette problématique a véritablement émergé à partir de l’année 2013.
Des gestions différentes de la salinité selon les sites étudiés
La gestion de l’eau en lien avec la salinité varie en fonction du contexte géographique et des objectifs des gestionnaires. Certains cherchent à maintenir une mosaïque d’habitats naturels, tandis que d’autres sont contraints par une salinité trop élevée. L’accès à une source d’eau douce constitue également un facteur clé dans ces stratégies de gestion.
Dans la basse plaine de l’Aude, au domaine du Grand Castélou, la submersion est pratiquée grâce à un réseau de fossés initialement conçu pour lutter contre le sel. L’eau douce provenant du canal de la Robine permet d’alimenter ces zones selon un calendrier précis, en fonction des besoins de la végétation. Un projet de restauration récent a également permis d’entretenir les canaux et les ouvrages hydrauliques, améliorant ainsi la régulation des flux d’eau.
À l’inverse, dans les étangs et marais des salins de Camargue, la gestion de la salinité repose sur les dynamiques naturelles. Entourés par le golfe de Beauduc, les salins et l’étang de Vaccarès, ces milieux lagunaires ne disposent pas d’ouvrages hydrauliques pour l’apport d’eau douce. Ce sont les vents, comme le Mistral, qui facilitent l’évacuation de l’eau salée vers le nord, tandis que les vents du sud permettent l’entrée d’une eau de mer moins salée pour atténuer la salinité.
Autour de l’étang de Thau, les sites gérés par Sète Agglopôle adoptent une approche mixte selon les conditions hydrologiques locales. La gestion des apports en eau douce vise à préserver la nappe Astienne, tout en assurant un équilibre écologique des zones humides. La Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) est notamment mise en œuvre à Mèze et Marseillan pour alimenter certaines zones humides, bien que des défis subsistent, comme le coût d’unités de désalinisation nécessaires à son déploiement à plus grande échelle.
Dans les milieux agricoles, la submersion est une pratique courante pour limiter l’impact du sel, notamment en Petite Camargue et dans la basse plaine de l’Aude. Ces territoires disposent de réseaux de canaux, souvent équipés d’ouvrages hydrauliques (vannes, martellières, stations de pompage), permettant la régulation des apports en eau. Pour la vigne, la submersion est réalisée en été de manière préventive, avec un apport d’environ 2 000 m³/ha d’eau. Certaines exploitations pratiquent également la submersion collective, optimisant ainsi l’utilisation de l’eau. Toutefois, dans certaines zones, ces réseaux sont peu entretenus ou remplacés par des systèmes d’irrigation sous pression, alimentés par le canal de la Robine.
Enfin, plusieurs projets de REUT agricole sont en cours d’étude, notamment dans l’Aude et en Petite Camargue. Un projet de réutilisation des eaux de lagunage de Marseillan pour irriguer le lido de Thau a été envisagé, mais la nécessité d’une désalinisation supplémentaire représente un frein économique à sa mise en œuvre.
En savoir plus
Ce document a été rédigé dans le cadre d’un stage de validation de Master 1 Agrosciences, Environnement, Territoire, Paysage et Forêt (AETPF), par Maraya ATANASOVA, au sein de l’UMR G-Eau. Bien qu’il reflète un effort de recherche et d’analyse, il est important de l’aborder avec prudence. En effet, des imprécisions ou des erreurs peuvent subsister, et certaines informations pourraient nécessiter des vérifications supplémentaires. Il est donc recommandé de compléter la lecture de ce document par des sources académiques ou professionnelles afin de garantir une compréhension précise et fiable du sujet traité.