RESUME – Perception de la salinité des eaux et des sols dans le Golfe du Lion

CONTEXTE

En 2016, des enquêtes entre les autorités locales et les associations locales de vignerons (Cave coopérative Les vignerons de Sérignan) dans l’Hérault ont estimé que 43% des surfaces de sols occupées par la viticulture étaient affectées par la salinisation cette dernière décennie (Bless et al., 2018). En 2021, dans le secteur viticole, de nombreux dégâts ont été imputés à une pluviométrie hivernale très faible et à la salinisation. Au vu de l’ampleur du phénomène, il s’est avéré nécessaire d’approfondir le sujet via un travail spécifique qui permettra de caractériser la salinisation des eaux et des sols dans le Golfe du Lion.

PROBLEMATIQUES

Plusieurs questions se posent dans le cadre de l’étude :

• Comment est perçue la problématique de salinité dans les espaces agricoles et naturels ?

• Quels sont les modes de gestion de la salinité à l’échelle de chacun des territoires ?

• Quelles sont les perspectives vis-à-vis de la salinité ?

OBJECTIFS 

Les objectifs du stage sont d’identifier le réseau d’acteurs qui s’est emparé de la problématique de salinité et d’établir un état des lieux spatial de la salinisation à travers une phase d’enquête.

METHODE

Réalisation d’un synthèse bibliographique sur la thématique.

Réalisation d’une enquête de terrain avec les acteurs du territoire concernés par la problématique de salinité.

RESULTATS

Périmètres concernés par une augmentation de la salinité :

Cinq grandes zones sont concernées par une augmentation de la salinité. Il existe différents acteurs et structures de gestion associés à chaque zone :

  • Zone « Étangs et marais des salins de Camargue » :

Étangs inclus : étang du Galabert, étang du Fangassier, étang du Grand Rascaillon et étang de Beauduc.

Structure de gestion : PNR Camargue.

  • Zone « Petite Camargue » :

Localisation : Alentours de la ville d’Aigues-Mortes.

Périmètres concernés : domaine du Petit Saint-Jean, étangs de Charnier et Scamandre, Montcalm, le Môle.

Acteurs impliqués : CA du Gard, SMCG, syndicat des vins des sables, Tour du Vallat (domaine du Petit Saint-Jean).

  • Zone « Étangs Palavasiens » :

Étangs inclus : de Palavas-les-Flots (étang du Méjean) à Frontignan (étang des Mouettes).

Gestion par : EPTB du Lez.

  • Zone « Bassin de Thau » :

Comprend : Étang de Thau et ses périphéries.

Gestion de l’étang : SMBT.

Gestion des marais en périphérie : Sète AggloPôle.

  • Zone « Basse Plaine, Littoral » :

Localisation : Département de l’Aude.

Comprend la « Basse plaine de l’Aude » avec le domaine du Grand Castélou du PNR Narbonnais.

Structures d’échange : CA de l’Aude et PNR Narbonnais.

La salinité semble principalement affecter les lagunes et les zones côtières, bien que certaines zones plus éloignées du littoral, comme l’étang asséché de la Marseillette dans l’Aude et Beaucaire dans le Gard, présentent également des problèmes de salinité.

Figure : Carte issu des perceptions des zones concernées par une augmentation de la salinité dans le Golfe du Lion.

Perception de l’apparition temporelle :

L’augmentation de la salinité est un problème historique dans plusieurs zones de l’étude, notamment dans la Basse Plaine de l’Aude, les marais des salins de Frontignan, les étangs et marais des salins de Camargue, ainsi qu’en Petite Camargue. Cependant, la prise de conscience de cette problématique a véritablement émergé à partir de l’année 2013.

Au cours des dix dernières années, plusieurs signes ont alerté sur cette augmentation de la salinité :

  • Le SMBT a observé une augmentation de la salinité de l’étang de Thau.
  • Des mortalités de chênes ont été constatées sur le domaine du « Petit Saint-Jean » en Petite Camargue.
  • Le domaine viticole du « Mas Rouge », en périphérie des étangs Palavasiens, a également fait face à des problèmes de salinisation.

Ces dernières années, l’EPTB du Lez a également observé une augmentation de la salinité des étangs Palavasiens. La sécheresse hivernale de l’année 2021 a eu un impact particulièrement significatif sur le secteur viticole de la Petite Camargue, mobilisant plusieurs acteurs pour résoudre ce problème dans la zone. Il est important de noter que cette année-là n’a pas été identifiée comme ayant un impact aussi marqué dans les autres zones étudiées lors des entretiens.

Perception des sources et processus de salinisation :

Les entretiens mettent en lumière différentes sources de salinité, qu’elles soient d’origine historique ou liées à des phénomènes actuels :

  • Origine historique de la salinité :

Dans la basse plaine de l’Aude, les zones humides des salins de Frontignan et les étangs et marais des salins de Camargue, la salinité provient des anciennes exploitations de marais salants. Des résidus de sel persistent dans les sédiments des étangs et les profils de sol.

  • Phénomène de « biseau salé » :

Principalement mentionné en Petite Camargue et en périphérie du bassin de Thau.

En Petite Camargue, cela peut faire référence au matériel géologique qui libère des sels ou à l’intrusion d’eau salée dans le réseau hydrographique de surface. En périphérie du bassin de Thau, géré par Sète AggloPôle, le biseau salé fait référence à une intrusion d’eau salée souterraine dans les nappes superficielles.

  • Sécheresses et manque de pluviométrie :

Mentionnés comme sources de salinisation sur presque tous les sites étudiés, notamment à l’étang de Thau, aux zones en périphérie et aux étangs Palavasiens. Les sécheresses stimulent les pertes d’eau par évaporation au niveau des étangs et des sols.

  • « Remontées d’eau salée » :

Interprétées différemment par les acteurs.

Dans un cas, cela désigne le mouvement ascendant de la nappe d’eau salée vers la surface, notamment en Petite Camargue.

Dans l’autre cas, cela fait référence au mouvement des masses d’eau salées des étangs vers les cours d’eau/marais, observé en périphérie de l’étang de Thau et au niveau de la roubine de Vic.

  • Phénomène d’inversac :

Un autre facteur contribuant à l’augmentation de la salinité, se produisant à deux endroits spécifiques : au niveau de l’étang de Thau et de la roubine de Vic.

Il est important de noter que sur un même territoire, différentes sources de salinité peuvent coexister. Par exemple, en Petite Camargue, le phénomène de biseau salé, interprété comme un matériau géologique libérant des sels, coexiste avec d’autres sources telles qu’une nappe d’eau souterraine salée, l’accumulation de la sécheresse et la montée du niveau de la mer.

Types de systèmes concernés et impacts :

L’impact de la salinité se fait ressentir de manière significative dans toutes les zones d’étude, affectant divers secteurs :

  • Milieu agricole :

Tous les secteurs agricoles sont touchés, y compris la viticulture, les grandes cultures, les prairies et certaines cultures maraîchères comme l’asperge. En 2021, en Petite Camargue, une enquête menée par le syndicat des vins des sables a révélé que 600 hectares de vignes étaient impactés par la salinisation. L’impact est similaire quel que soit l’âge de la vigne.

  • Milieux naturels :

On observe une évolution progressive des marais doux vers des milieux plus salés sur l’ensemble de la zone d’étude. Les étangs montrent également une tendance à se saliniser.

  • Impacts sur la biodiversité :

La végétation la plus menacée semble être la roselière d’eau douce. En Petite Camargue, un rapport du SMCG indique une perte de surface de 24% et 33% respectivement dans les marais de Charnier et Scamandre. Cependant, dans les périphéries des étangs Palavasiens gérés par l’EPTB du Lez, les zones de roselières sont pour le moment stables et n’ont pas régressé.

  • Autres impacts sur la biodiversité :

Des pinèdes sont également impactées par l’augmentation de la salinité, notamment aux étangs et marais des salins de Camargue, à la réserve nationale de Camargue (SMCG) et en périphérie de l’étang de Vic (périphérie des étangs Palavasiens). Pour le moment, l’évolution graduelle de la salinisation confère une diversité d’habitats à la faune et à la flore.

  • Salinisation des eaux :

Il est observé une salinisation croissante des eaux. Par exemple, l’étang de Thau avait une salinité d’environ 20 g de sel par litre il y a dix ans, mais de nos jours en été, elle peut atteindre 40 g de sel par litre. L’étang de Vic montre également une salinisation croissante. Certains étangs des salins de Camargue ont enregistré une salinité de 60 g de sel par litre en avril 2023.

  • Canal du Rhône à Sète :

Le suivi de la salinité des eaux de surface du canal a révélé des pics atteignant 10 à 15 g de sel par litre en octobre 2017, ce qui représente un risque pour les marais roseliers de Charnier et Scamandre.

  • Mares :

Certaines mares, comme celle au domaine du Petit Saint-Jean, montrent une tendance à la salinisation. La salinité de l’eau de cette mare a augmenté, passant de 2 à 4 g de sel par litre en 2015-2017, à des pics de 66 g de sel par litre en été 2021.

Méthodes de gestion de l’eau :

La gestion de l’eau liée à la salinité en milieu naturel varie en fonction du contexte spatial et des gestionnaires. Certains cherchent à maintenir une mosaïque d’habitats, tandis que d’autres sont limités par la forte salinité. L’accès à une source d’eau douce constitue également un facteur déterminant dans la gestion de l’eau salée.

Voici quelques exemples de gestion de l’eau en lien avec la salinité dans différents sites :

  • Domaine du Grand Castélou (Basse Plaine de l’Aude) :

Ancienne exploitation agricole avec réseau de fossés pour lutter contre le sel.

Canal de la Robine à proximité pour apporter de l’eau douce.

Submersion planifiée selon un calendrier précis pour répondre aux besoins en eau de la végétation.

Projet de restauration pour entretenir les canaux et les ouvrages hydrauliques.

  • Étangs et marais des salins de Camargue :

Zone lagunaire entourée de diverses sources d’eau salée (golfe de Beauduc, salins, étang de Vaccarès).

Seule source d’eau douce : canal du Japon ou Bras de Fer.

Gestion de la salinité par les flux des masses d’eau provoqués par les vents (Mistral pour évacuer l’eau salée des étangs au nord, vents du sud pour apporter de l’eau de mer moins salée).

  • Sites gérés par Sète AggloPôle en périphérie de l’étang de Thau :

Apports d’eau douce en fonction du contexte hydrologique de la zone.

Utilisation de Réutilisation d’Eaux Usées Traitées (REUT) à partir des eaux de lagunages à Mèze ou Marseillan pour alimenter les zones humides.

Pratique de la submersion pour lutter contre le sel dans les milieux agricoles.

  • Basse plaine de l’Aude et Petite Camargue :

Réseaux de canaux naturels et artificiels avec ouvrages hydrauliques pour réguler les apports d’eau.

Pratique de la submersion pour la vigne et les prairies.

  • Autres zones de l’Aude :

Submersion préventive et estivale pour la vigne.

Utilisation du fleuve Aude pour l’alimentation en eau.

  • Projet de Réutilisation d’Eaux Usées Traitées (REUT) :

Projet de REUT agricole sur les parcelles du lido de Thau à partir des eaux de lagunage de Marseillan. Cependant, il nécessite une unité de désalinisation supplémentaire, ce qui est coûteux et le dispositif n’a pas encore été mis en place.

Dans d’autres zones comme l’Aude ou la Petite Camargue, il y a également des projets de REUT, mais ils en sont encore à la phase d’étude.

Aménagement et entretien des ouvrages hydrauliques :

L’entretien des ouvrages hydrauliques et des réseaux de canaux, tant en milieu agricole que naturel, est considéré comme crucial dans la lutte contre la salinité avec de l’eau douce, selon les entretiens avec les acteurs de la Petite Camargue.

En effet, les dommages causés par la sécheresse hivernale de 2021 ont été les plus importants dans les zones non irriguées. Par exemple, 109 hectares de vigne ont été impactés chez les coopérateurs de la Cave coopérative des Sablesdoc, dont 94 hectares non irrigués. Une solution d’urgence recommandée par le syndicat des vins des sables, la CA Gard, le SMCG et les ASA est la restauration et l’entretien des réseaux de canaux.

En Petite Camargue, les agriculteurs ont accès à l’eau soit en se connectant au réseau d’irrigation sous pression BRL, soit en payant la taxe obligatoire d’ASA pour prélever de l’eau des canaux. Dans la basse plaine de l’Aude, l’eau douce provient du fleuve Aude et du Canal de la Robine sur les périmètres irrigués.

Au PNR Narbonnais et aux étangs et marais des salins de Camargue, un effort important est fait pour l’entretien des canaux. Par exemple, au domaine du Grand Castélou, un projet de restauration des ouvrages hydrauliques (vannes/martellières) et des canaux a été réalisé il y a quelques années.

Les barrages anti-sel sont également des ouvrages importants pour lutter contre les intrusions d’eau salée. Par exemple, en périphérie du Bassin de Thau, au niveau du marais de la Grande Palude, un barrage anti-sel permet d’éviter les « remontées salines » dans la zone humide. Cependant, l’ouverture de ces barrages comporte le risque d’augmentation de la salinité.

Dans l’ensemble des zones étudiées, des ouvrages hydrauliques tels que des pompes, martellières et vannes sont utilisés pour réguler les flux d’eau.

Méthodes de prévention alternatives à l’apport d’eau :

Dans l’Aude, la mise en place de pratiques alternatives comme l’enherbement des rangs de vigne est peu courante. La viticulture y est intensive et les enjeux financiers sont importants. Bien que l’enherbement puisse apporter des bénéfices à long terme, il peut être coûteux et influencer les rendements à court terme, ce qui peut être problématique pour les viticulteurs. Cependant, la CA de l’Aude mène des actions de sensibilisation auprès des agriculteurs pour encourager ce type de pratiques.

En Petite Camargue, la plupart des membres de l’ASA du Bourgidou luttent contre la salinisation en utilisant principalement de l’eau. Certains mettent en place l’enherbement, tandis que d’autres complètent avec des droits d’ASA pour le goutte à goutte, alimenté par le réseau sous pression BRL. Au domaine du Petit Saint-Jean, une couverture végétale permanente est maintenue dans la vigne, créant une compétition pour l’eau avec la vigne. À long terme, cela a un effet de mulch bénéfique qui limite l’évapotranspiration et enrichit le sol en matière organique. De manière épisodique, certains agriculteurs expérimentent des pratiques agricoles visant à retenir l’eau ou à enrichir le sol en matière organique pour le rendre plus résilient face à la salinisation. Par exemple, un essai est en cours en Petite Camargue consistant à planter des mycorhizes sur les racines de la vigne pour améliorer leur capacité à assimiler l’eau et à retenir l’humidité. Dans l’Aude, des amendements organiques sont également utilisés pour favoriser la fertilité des sols.

En revanche, dans les milieux naturels, il n’y a pas eu de retour concernant des pratiques de prévention spécifiques pour faire face à la salinité.

Réflexions agronomiques / écologiques :

Les parties prenantes du milieu agricole reconnaissent généralement la nécessité de repenser les modèles de culture à long terme pour mieux faire face à une salinisation croissante dans le futur. Certaines ont évoqué la possibilité de développer des cultures résistantes à la sécheresse, comme le quinoa ou le pistachier, par exemple. D’autres ont suggéré le déplacement spatial des cultures vers des altitudes plus élevées. De plus, plusieurs acteurs de la Petite Camargue ont souligné la diminution des surfaces cultivées en riz, qui était autrefois utilisé pour lessiver les sels grâce à l’immersion de la culture. En effet, ces surfaces sont passées de 10 000 hectares à 4 000 hectares au cours des cinq dernières années.

En ce qui concerne les milieux naturels, certains acteurs réfléchissent à l’avenir à la possibilité de créer des zones de retrait pour les espaces naturels, tandis que d’autres envisagent la reconstruction des milieux sansouïres pour préparer l’avenir.

Réflexions socio-économiques :

Peu d’acteurs ont partagé des réflexions socio-économiques, mais celles qui ont été mentionnées se concentrent principalement sur des considérations financières. Par exemple, l’EPTB du Lez a souligné que d’énormes investissements seraient nécessaires pour mettre en place d’importants aménagements hydrauliques afin d’apporter de l’eau douce dans les marais qui tendent à se saliniser. De même, BRLe a signalé que l’investissement humain et économique serait disproportionné pour apporter une solution dans la zone de la Petite Camargue, où le réseau BRL est saturé en été.

DISCUSSION

Il ressort de l’étude que la salinité pose un problème dans différentes zones de l’étude, notamment en Petite Camargue, dans la Basse Plaine de l’Aude, les marais des salins de Frontignan, les étangs et marais des salins de Camargue, ainsi qu’en Petite Camargue. Bien que l’apparition de la salinité ait des origines historiques dans ces zones, une prise de conscience de la problématique a émergé à partir de 2013. Au cours des dix dernières années, une augmentation de la salinité a été observée dans des endroits tels que l’étang de Thau, le domaine du « Petit Saint-Jean » en Petite Camargue, et le domaine viticole du « Mas Rouge » en périphérie des étangs Palavasiens.

Les sources de salinité identifiées sont principalement d’origine historique, liées au phénomène de « biseau salé », à l’accumulation des sécheresses, ou à des « remontées salées » qui peuvent avoir différents sens selon les acteurs. Par exemple, dans la basse plaine de l’Aude, les zones humides des salins de Frontignan, et les étangs et marais des salins de Camargue, la salinité est due aux anciennes exploitations de marais salants, et des stocks de sel persistent dans les sédiments.

Figure : Schéma des principales sources de salinité, types de systèmes concernés et impacts issues des perceptions des acteurs dans les bulles grises. Les éventuels impacts et systèmes de cultures concernés qui n’ont pas été évoqués en orange. Source : enquête 2023.

En ce qui concerne la gestion de l’eau, elle varie en fonction du contexte spatial et des gestionnaires. Par exemple, au domaine du Grand Castélou dans la basse Plaine de l’Aude, la submersion est utilisée grâce à la proximité du canal de la Robine. Cependant, dans les étangs et marais des salins de Camargue, la gestion de la salinité repose davantage sur les flux naturels provoqués par les vents.

Figure : Schéma des principaux moyens de gestion de l’eau en contexte salin dans les milieux agricoles et naturels. Source : enquête 2023.

Dans le milieu agricole, la salinité impacte différents types de cultures, notamment la viticulture, les grandes cultures, les prairies, et certaines cultures maraîchères comme l’asperge. En 2021, une enquête menée par le syndicat des vins des sables en Petite Camargue a révélé que 600 hectares de vignes étaient impactés par la salinisation. Les impacts sur la biodiversité sont également divers, avec une perte de surface de roselières d’eau douce observée en Petite Camargue.

Les parties prenantes du milieu agricole sont conscientes de la nécessité de repenser les modèles de culture pour faire face à une salinisation plus importante à l’avenir. Cela pourrait inclure le développement de cultures résistantes à la sécheresse ou le déplacement spatial des cultures.

Enfin, sur le plan socio-économique, certains acteurs ont souligné les défis financiers associés à la mise en place de solutions pour lutter contre la salinité, notamment en ce qui concerne les investissements nécessaires pour les aménagements hydrauliques.

Il est également suggéré d’améliorer la diversité des sources d’informations en incluant davantage d’acteurs, et de mettre en place un observatoire centralisant les données de suivi de la salinité à l’échelle de la région Occitanie.

CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES

Il ressort de l’étude que la salinité représente une menace pour les zones de marais doux et leur végétation dans les milieux naturels. Cependant, pour l’instant, la progression de la salinité est perçue comme une source de diversité d’habitat pour les espèces animales et végétales, car elle se fait de manière progressive. Certains acteurs cherchent à maintenir une mosaïque d’habitats malgré cette évolution vers des milieux plus salés, tandis que d’autres adaptent leurs apports d’eau en fonction du contexte hydrologique des zones.

Dans les milieux agricoles, les agriculteurs ont appris à cultiver tout en luttant contre la salinité. Cependant, cette problématique a des conséquences sur les rendements, telles que des pieds de vigne morts et des surfaces viticoles impactées. Une priorité pour les agriculteurs est l’apport de volumes d’eau douce conséquents afin de lessiver les sels du sol.

Les modes de gestion de la salinité sont principalement axés sur l’irrigation et l’entretien hydraulique dans les milieux agricoles. À court terme, il ne semble pas y avoir d’inclinaison vers l’adoption de pratiques agricoles visant à restructurer le sol et à améliorer ses fonctions de drainage.

Figure : Schéma des modes de gestion de la salinité dans les milieux agricoles. Les pratiques mentionnées et appliquées sont en vert et les pratiques mentionnées sont en orange.

Dans les milieux naturels, un projet visant à apporter de l’eau douce dans l’étang de Thau est en cours d’initiation. À plus long terme, certains acteurs s’interrogent sur la pérennité des milieux naturels et agricoles en bordure du littoral, en tenant compte de la disponibilité de la ressource en eau et des effets du changement climatique.

A PROPOS DE CE TRAVAIL :

Ce travail a fait l’objet d’un stage de validation de Master 1  Agrosciences, Environnement, Territoire, Paysage et Forêt, réalisé par Maraya Atanasova, au sein de l’UMR G-EAU.