La réutilisation d’eaux usées traitées (REUSE) est plus que jamais sur le devant de la scène, parmi le panel de solutions à envisager dans les territoires face au changement climatique et à ses conséquences sur les ressources en eau et les activités humaines. Un colloque a réuni scientifiques et acteurs de l’eau et des territoires les 17 et 18 octobre au Tholonet, dans les Bouches-du-Rhône, pour préparer collectivement cette révolution du secteur.
Changement climatique, ressource en eau et usages
Les régions et pays voisins de la Méditerranée sont un hotspot mondial du changement climatique. La fréquence et l’intensité des sécheresses y sont amenées à augmenter dans le courant du siècle, particulièrement sur la rive Nord, avec des conséquences que la France a pu toucher du doigt en 2022.
De nombreux usages seront à satisfaire (eau potable, énergie, agriculture, industrie…) tout en préservant le fonctionnement des milieux naturels. Or, les prévisions sur les ressources en eau pour 2070 en France indiquent des baisses de débit moyen annuel des cours d’eau de 10 à 40 %, et une diminution généralisée de la recharge des nappes souterraines comprise entre 10 et 25 %. Les tensions sont déjà particulièrement préoccupantes en été : dans de nombreuses régions du territoire, le niveau de consommation estival des ressources en eau renouvelables dépasse déjà en moyenne les 90 %.
REUSE : quelques repères
En 2017 en France, 32 milliards de m3 ont été prélevés dans les milieux naturels, dont 80 % en eau de surface. Une grande partie de ces prélèvements retournent au milieu naturel, bien qu’altérés en termes de qualité. C’est le cas pour l’eau potable, dont les quelques 5 milliards de m3 prélevés majoritairement en eau souterraine, retournent en très grande partie au milieu après traitement dans l’une des 22 000 stations d’épuration du territoire.
En France, de l’ordre de 1 % de ces volumes est actuellement réutilisé. Cette proportion atteint environ 10 % chez nos voisins italiens, 15 % en Espagne, et 20 % en Tunisie et Chypre.
Une révolution à raisonner et préparer
Le potentiel est important et le retard de la France est patent, mais au-delà de ce constat chiffré désormais connu, de nombreuses questions se posent. Elles concernent notamment les exigences de qualité et d’innocuité, les modes de collecte, de traitement, de stockage et d’acheminement à mettre en œuvre et les coûts associés, les usages possibles (agricoles, municipaux, industriels, recharge de nappe…), la nécessité d’actions conjointes d’économie d’eau, et les volumes mobilisables sans compromettre le fonctionnement des milieux (soutien d’étiage, recharge de nappes, zones humides…).
De récentes évolutions technologiques et réglementaires, ainsi que des retours d’expérience de plus en plus nombreux et consistants, notamment en Méditerranée, permettent de faire le point sur toutes ces questions, pour préparer une révolution qui ne peut se concevoir qu’en synergie avec l’ensemble des acteurs concernés.
Ce fut l’ambition du colloque proposé par le Réseau REUSE INRAE, l’AFEID et la Chaire partenariale Eau, Agriculture et Changement climatique, qui a mis particulièrement à l’honneur les outils de collaborations et de partage d’expériences avec les pays du pourtour méditerranéen (COSTEA et observatoire de l’Institut Méditerranéen de l’Eau), les innovations proposées par les entreprises du Pôle Aqua-Valley, et les initiatives développées en France.
Le colloque a été accueilli au siège de la Société du Canal de Provence, avec le soutien financier de l’Institut Carnot Eau & Environnement, de la Métropole Aix-Marseille et de la Région Sud-PACA.
Le colloque en image
Pour plus de détails sur le déroulé du colloque :
https://www6.inrae.fr/reuse/Programme-des-actions-et-animations/AG2022